Cet article a été publié dans Le Parisien n°24719 du jeudi 15 février 2024, avec le titre suivant :
Tout sur le génie de Léonard de Vinci

Tout sur le génie de Léonard de Vinci

L’atelier Grognard accueille jusqu’au 12 mai la plus grande exposition itinérante organisée sur Léonard de Vinci. Les maquettes et fac-similés de ses carnets permettent de découvrir l’univers du maître de la Renaissance italienne, qui était également un inventeur de génie.

Olivier Bureau

On commence doucement l’exposition « Léonard de Vinci, les inventions d’un génie », avec d’énormes mécanismes en bois sombre. Il y a là un « régulateur de vitesse droit », le « principe du mouvement de va-et-vient », le « principe du mouvement rotatif » et la vis sans fin qu’on trouve aujourd’hui dans les crics, les tire-bouchons et plein d’autres objets. Des appareillages à voir, mais pas seulement. La pastille verte sur la note explicative est claire : on peut toucher et manipuler ces mécanismes géants, une simple action animant rouages, leviers et autres roues dentelées…

Après Bruxelles (Belgique), Istanbul (Turquie), Bordeaux (Gironde) et Lyon (Rhône), c’est au tour de la ville de Rueil-Malmaison d’accueillir jusqu’à mi-mai, à l’atelier Grognard, cette exposition exceptionnelle dédiée au génie de la Renaissance italienne. Quatre-vingt-dix maquettes, 80 fac-similés ainsi que des panneaux et des vidéos offrent un voyage dans l’histoire et la science grâce aux réalisations de Léonard de Vinci (1452-1519).

Dix ans de travail pour donner vie à ses créations

Lequel n’était pas seulement le célèbre peintre à qui l’on doit « la Joconde ». Génie aux multiples facettes, on lui doit surtout une invraisemblable quantité d’inventions dans quasiment tous les domaines : la guerre, le bâtiment, la gestion de l’eau, les travaux publics, la marine, l’aviation ou ce qui allait le devenir, etc. Et donc la fameuse vis sans fin, qui entraîne une roue dentée à 90° et qu’il utilisera dans son échelle d’assaut à crémaillère et la double coque pour bateaux.

La porte d’entrée de l’exposition est des plus pédagogiques. « Dans la première zone, on découvre les mécanismes qu’il utilise dans ses inventions et on constate leurs effets », précise Nadine Borderie, médiatrice culturelle. Partout, ce sont des enchevêtrements savants d’engrenages, des mécanismes qui coulissent, pivotent…

Tout est dans les tons marron et ocre. La lumière subtile dispense un éclairage discret et élégant qui met en valeur les maquettes et les documents manuscrits. « En 2007, les dessins originaux avaient été exposés à Bruxelles. Le commissaire d’exposition a alors décidé de faire construire ces objets à partir des croquis des carnets de Vinci », rappelle Nadine Borderie.

Déchiffrer, comprendre, puis reproduire : il aura fallu dix ans à une équipe d’ingénieurs, de graphistes, d’historiens et autres experts pour donner vie aux mécanismes et aux machines révolutionnaires. « Sur 13 000 pages de carnets, il en reste 7 000 réparties dans le monde entier », appuie Nadine Borderie.

Ingénieur militaire, Léonard de Vinci a encore conçu un « faucheur à boulets », des tours pour franchir les murailles lors d’un siège, toutes sortes de catapultes, arbalètes géantes, dispositifs censés pulvériser les jambes des ennemis, ainsi que des navires de guerre, des mitrailleuses à canons multiples et même un char d’assaut, qui ressemble à une soucoupe volante hérissée de canons. « Bon, lui, c’était une vue de l’esprit, nuance la médiatrice culturelle. Sans moteur, impossible de faire avancer ses centaines de kilos… » Plus loin, des instruments de mesure témoignent d’une des autres passions de l’ingénieur florentin, avec l’anémomètre pour le vent, l’hygromètre pour l’humidité, l’odomètre pour les longues distances…

Les bambins qui visiteront l’exposition ne rateront pas non plus ses machines destinées au levage et à la construction, ni ses « utilitaires liés à l’air ». Les excavatrices à balancier de Vinci, son laminoir, sa foreuse ou ses ponts sont d’une incroyable modernité. Ses systèmes de ports flottants ressemblent furieusement à ceux du Débarquement de 1944.

Machine volante, parachute expérimental…

La musique, avec un tambour mécanique, n’est pas oubliée. Plus loin, le travail sur l’air de l’inventeur fait voyager l’imagination. Tel ce croquis de « machine volante » tiré d’un codex. Une maquette représente une vis aérienne conçue entre 1487 et 1490 pour élever un aéronef. Enfin, son ancêtre du parachute, avec une armature en bois, incite plus au rêve qu’à la confiance ! « L’inventeur s’est passionné pour toutes les branches du savoir et de l’ingénierie, résume Nadine Borderie. Son œuvre la plus connue est une peinture, la Joconde, mais on ne lui doit finalement qu’une vingtaine de tableaux. » Cette exposition a déjà conquis quelque 400 000 visiteurs en Europe.

Rueil-Malmaison, le 26 janvier.

LP/O.B.

Parmi les inventions de Léonard de Vinci, il y a notamment ce parachute en bois (à gauche). « De ses 13 000 pages de carnets, il en reste 7 000 réparties dans le monde entier », indique Nadine Borderie, médiatrice culturelle.

LP/O.B.

« Léonard de Vinci, les inventions d’un génie », à l’atelier Grognard, 6, avenue du Château- de-la-Malmaison, à Rueil-Malmaison. Jusqu’au 17 mai. Ouvert au public du mardi au dimanche, de 13 heures à 18 heures. Tarif : 4,5 € et 6,5 €.